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La confession, mais encore ?





C’est vraiment très intéressant ce qui s’est passé autour de la confession dans l’Église catholique. Un petit rappel des faits tout d’abord.


À la suite de la remise du rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), et il nous faut aussitôt préciser catholique, tant notre pays oublie qu’il n’est pas qu’une Église chrétienne en son sein, le président de la Conférence des évêques de France s’exprime, à de nombreuses reprises. Sur France Info, Éric de Moulins-Beaufort a ces mots :


“Le secret de la confession est supérieur aux lois de la République”.


Il affirme certainement là sa conviction profonde et celle d’une tradition profondément ancrée dans l’Église catholique et notamment parmi les prêtres. Les ravages sont considérables : qu’est-ce à dire ? Qu’en confession, un prélat ou un laïc peut révéler des abus sexuels commis sur des enfants ou sur une femme et que les choses s’arrêtent là ? Que le confesseur n’a pas l’obligation de dénoncer, d’alerter ?


Les arguties juridiques prennent alors le pas sur les révélations du rapport lui-même et sur la détresse de milliers de victimes…



La fureur monte. Aux yeux des non-catholiques, l’incompréhension est totale. Et voilà Éric de Moulins-Beaufort convoqué par le ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, Gérald Darmanin. En sortant du ministère, il a des mots forts.


Avancée majeure, il reconnaît qu’un "travail est indispensable pour concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants” et rappelle les protocoles mis en place entre 17 diocèses et parquets sur le sujet.

On respire. Il était temps qu’on appelle un abus un abus et que la prise en compte des victimes devienne la priorité absolue, avant toute autre considération théologique ou relevant de la tradition de l’Église catholique.


À cet égard, il est bon de rappeler que le culte du secret n’a rien de biblique. Quand Calvin supprime la confession individuelle, il met au centre le pardon de Dieu, proposé à tous les fidèles, au début du culte. Luther, lui, insiste sur la grâce première de Dieu et surtout rappelle le sacerdoce universel : tous prêtres, donc tous susceptibles de pardonner. Car telle est bien la question au centre de ce débat : celui de la position sacramentelle du prêtre, qui le place au-dessus des fidèles, au risque, parfois, d’établir des relations de domination ou de manipulation avec eux.


Au-delà de la question de la confession, le rapport de la CIASE dit et redit combien toute position de surplomb, qu’elle soit dans les Églises, l’Éducation Nationale, les mouvements de jeunesse peut entraîner des dérives.


Être une figure pour des enfants et des jeunes impose d’être exemplaire. Ou sinon d’avoir le courage – immense – de reconnaître ses faiblesses. Quant aux personnalités manipulatrices, voire perverses, elles doivent être repérées, éloignées, soignées si c’est possible. À cet égard, l’essai de Lytta Basset “Faire face à la perversion" (Albin Michel, 2019) pourra être lu avec intérêt.


La théologienne protestante puise dans la lecture des évangiles les outils utilisés par Jésus lui-même pour faire face au danger…








Nathalie Leenhardt

Nathalie Leenhardt est journaliste, ancienne rédactrice en chef du journal Réforme, elle intervient régulièrement pour l'édito de la matinale de RCF.

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