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Le Soi unificateur

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« Quelque chose comme une graine de plante entourée de ses enveloppes flotte dans l’eau. Le feu, montant de la profondeur, la pénètre, provoque la croissance, et donne ainsi naissance à une grande fleur d’or qui sort de la bulle germinale… Ainsi naît l’unification de la conscience et de la vie».

Commentaire sur le traité de la fleur d’or, p 41

Seule l’expérience du Soi qui croît en nous comme une plante peut donner une idée de ce qu’il est.

Le Soi est un concept opératif : « Toutefois, écrit Jung, s’il |l’individu] parvient à discerner que l’inconscient est une grandeur déterminante auprès du conscient et à vivre de manière à tenir compte, dans la mesure des possibilités des exigences conscientes et inconscientes, c'est-à-dire instinctives, le centre de gravitation de la personnalité totale n’est plus le moi, qui est simplement le centre du conscient, mais une sorte de point virtuel situé entre le conscient et l’inconscient que l’on pourrait désigner du nom de Soi» (C.G. Jung, Commentaire sur le mystère de la fleur d’or, p.63).  « Que ta volonté soit faite » Sommes-nous prêts à accepter qu’une instance plus grande que le moi habite en nous ?

Comme l’exprime à sa manière l’analyste freudienne Charlotte Herfray :

Comme l’exprime à sa manière l’analyste freudienne Charlotte Herfray : « C’est une castration symbolique qui vient signifier que nous autres humains, nous ne sommes maîtres ni de notre destin, ni de notre existence, ni de notre arrivée, ni de notre départ». L’expérience du Soi est aussi celle des limites du moi.

Charlotte Herfray, Nul ne connait ni le jour ni l’heure, Origine, p 18

Pour Jung, le Soi est consubstantiel à l’amour : « Le Soi que nous devons aimer, qui se manifeste nous à travers notre existence individuelle, est différent du Moi. Le Soi est notre totalité psychique faite de la conscience, et de l’océan infini de l’âme, sur lequel elle flotte. Ainsi le Soi est infiniment plus vaste que le Moi, s’aimer soi-même, ce devrait être aimer cette totalité, à travers laquelle on aimerait l’humanité toute entière». (C.G.Jung, L’homme à la découverte de son âme, p 398)

Et la source de la vie : « Le Soi est depuis toujours notre centre le plus profond et notre périphérie, notre scintilla, et notre punctum solis, et le restera. Il est même sur le plan biologique, l’archétype de l’ordre, et du point de vue dynamique, la source de la vie ». (C.G.Jung, La vie symbolique p 185.)

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Elie Humbert, analyste jungien, a écrit un livre sur La dimension d’aimer. Pour lui « Le Soi est perçu très souvent comme une dynamique interne capable de rendre sa colonne vertébrale à un être» (Elie Humbert, La dimension d’aimer p.48-50).

 

Et donc son unité profonde, comme le montre ces mots de Hallâj : « Mon Unique m’a unifié par un tawhîd véridique, alors qu’il n’y avait point de voies d’accès jusqu’à lui» (Stéphane Ruspoli, Le livre « Tâwasîn » de Hallâj, p. 72. le tawhîd est l’affirmation de l’unicité de Dieu). 

Cette unité est don de soi. Pour Jung, « la vie lorsqu’elle est vécue dans une attitude de complet don de l’être procure le sentiment du Soi […]. L’inconscient oblige l’individu à se donner totalement à la vie» (C.G. Jung, Commentaire sur le mystère de la fleur d’or, p 41)

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« Je connais pour ma part, écrit Jung, plusieurs personnes qui ont une science personnelle de cette expérience. Autant qu’il me soit possible de pénétrer quelque peu dans un pareil phénomène, il s’agit, me semble-t-il, d’un état de conscience aussi intense qu’abstrait, d’une conscience détachée […] qui fait surgir des domaines du devenir psychique qui sont recouverts d’obscurité le reste du temps.[…] son effet est surprenant en tant qu’il apporte presque toujours une solution à des complications psychiques et de fait, un détachement de la personnalité intérieure d’avec les implications émotionnelles et intellectuelles. Il engendre par suite une unité de l’être qui est généralement ressentie comme une libération»

Commentaire sur le traité de la fleur d’or, p 61

Paule Amblard en témoigne aussi : « il y a dans la vie une source intuitive qui nous pousse au-delà de notre raison. Ce n’est pas une pulsion, mais quelque chose de plus enfoui, une certitude des choses qui dure une seconde, mais qui transforme votre vie lorsqu’on la suit […]. Je devins une autre, proche de ce noyau que l’on sent parfois dans le lointain de soi, cette petite source vive, si douce que l’on a peur de fondre à son contact, notre cœur humain» (Paule Amblard, Un pèlerinage intérieur, p 19 et 22)

Ce noyau est souvent ressenti comme une présence accompagnante et active. Au début de l’épopée de Gilgamesh, un rêve lui annonce qu’un ami fidèle est avec lui, et qu’il ne l’abandonnera jamais lors des épreuves qu’il va traverser.

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