Présence numineuse
de la figure divine
Lors d’un rêve, l’une des analysantes de Jung voit un éléphant jeune et vigoureux arriver dans son jardin, elle le salue respectueusement. En séance, Jung lui demande : « Que ressentez-vous face à cette figure d’éléphant ? Elle répond : « une grande force ». L’analyste poursuit : « c’est bien la nature d’un éléphant : une force écrasante, la force de Dieu. Il nous fait face parce qu’il veut être accepté, incarné » (Sabi Tauber, Mon analyse avec Jung, p. 87-88). On pourrait rapprocher de ce rêve la vision de Béhémot dans le livre de Job, où la puissance divine est représentée par celle d’animaux gigantesques.
Cet éléphant est l’image naturelle d’un élément surpuissant vivant dans la psyché. Les anciens l’appelèrent « daimon », ou dieu. L’apparition de cette puissance foudroie la personne. Les théophanies des religions anciennes, de l’Islam, de l’Exode, des prophètes, peuvent être encore vécues de nos jours, car Dieu reste présent dans la psyché.
Blaise Pascal a écrit cette rencontre avec le divin dans son Mémorial, cette feuille de papier pliée en huit qu’il portait toujours dans son vêtement, pour conserver ce moment en mémoire perpétuelle.

Certitude, Certitude, Sentiment, Joie, Paix.
« Père juste, le monde ne t’a point connu, mais je t’ai connu. »
Joie, Joie, Joie, pleurs de joie ; Je m’en suis séparé,
Que je n’en sois pas séparé éternellement.
Renonciation totale et douce.
Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.
Eternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre.
Et Dieu peut aussi parler dans un rêve. Jung raconte : « hier, j’ai fait un rêve merveilleux, très haut dans le ciel, il y avait une étoile bleuâtre, semblable à un diamant, qui se reflétait dans un étang rond et calme. Le ciel en haut, le ciel en bas. L’imago dei dans l’obscurité de la terre, voila ce que je suis» (C.G. Jung, Le divin dans l’homme, p. 475). Il semble que nos rêves peuvent aussi nous parler de Dieu.

« La numinosité d’un objet rend toujours plus difficile son abord par la pensée, l’affectivité se mettant toujours de la partie. On est toujours pour ou contre, on participe nécessairement, et une objectivité absolue est en la matière, encore plus difficile à atteindre qu’en toute autre. […] Si on a des convictions religieuses positives, c'est-à-dire si on « croit », on ressent le doute comme très désagréable, et on l’appréhende. C’est pour ce motif qu’on préfère ne pas analyser l’objet de la croyance »
Réponse à Job, p. 202
Sommes-nous capables de parler de cette zone de nous-mêmes où l’on côtoie le divin ?