la prévention
Qu’en est-il des recherches sur la prévention des TCA chez les enfants de demain ? Pour l’instant, la prévention par l’éducation/information directe sur le sujet des TCA n’a pas encore réussi à combattre la survenue des TCA. Au Royaume-Uni, il y a 20 ans, un programme éducatif de sensibilisation aux TCA mis en place dans 2 écoles secondaires d’Oxford, (huit sessions de 45 min.) a montré une augmentation de connaissances, mais en même temps une détérioration du comportement alimentaire chez les élèves, sur le long terme. Résultat troublant, qui semble montrer que la psychoéducation pure ne marcherait pas et qu’elle peut même être nocive, car les jeunes s’en saisissent pour apprendre de nouveaux « trucs » pro maladie ou pro comportement alimentaire perturbé.
C’est un domaine qui nécessite de plus amples recherches et évaluations, surtout dans le domaine des relations parents/école. Néanmoins, l’accumulation de recherches rigoureuses en Amérique du Nord et en Europe suggère l’intérêt d’ateliers interactifs chez les jeunes à risque de troubles alimentaires. Ces ateliers sont généralement centrés sur l’image corporelle, l’estime de soi et l’influence des médias, plutôt que sur la nutrition et le TCA lui-même.
Dans l’ensemble, très peu d’interventions familiales ou psycho éducatives structurées et validées sont actuellement disponibles dans le domaine de la prévention. À l’Université de Harvard et au Boston Children’s Hospital, il existe un centre destiné à l’étude, à la formation et à la mise en place de protocoles spécifiques de prévention. Par ailleurs, S. Cook-Darzens a proposé des pistes de prévention à explorer en milieu familial (Cook-Darzens entretien avec l’auteure Fév. 2017).
Dans un article qui souligne l’importance de la mise en pratique des recherches et des formations, le docteur S. B. Austin identifie plusieurs facteurs qui empêcheraient la prévention de progresser dans la lutte contre les TCA.
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Comparée à d’autres avenues de recherches sur les TCA (diagnostic, traitements), la prévention est un sujet peu abordé.
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Les quelques études qui existent sont centrées sur les changements de comportement des individus sans prendre en considération la société en général, les environnements toxiques dans lesquels ils évoluent.
Le Dr. Austin constate que si les recherches sur la prévention restent au niveau « micro » (individu, services spécialisés), il sera difficile d’avoir un impact sur une mission « macro » (santé publique). Son approche vise à formuler des programmes de santé publique et des actions (ex : industrie de la mode, régimes pour maigrir, sensibilisation des écoles aux TCA, formation de professionnels des soins), qui auraient un impact sur une population beaucoup plus large. Nous saluons son travail et espérons que la formation en TCA de toutes les personnes en contact avec les jeunes en France augmentera.